Nos collections de vielles marques françaises comportent de très beaux spécimens de pingouins et de manchots, dont ce fantastique numéro 353286, pris dans une danse frénétique avec un musicien Inuit.
















Pour épilogueur sur le sujet des marques et des pingouins (ou des manchots), on peut faire un focus sur plusieurs points : le logo de la Lainière de Roubaix, celui des livres de poches anglais et, en lien avec la protection juridique de ces derniers, une procédure où ChatGPT a fait des siennes.
Ainsi, parmi les pingouins qui précèdent, figure le logo déposé par les Filatures Prouvost & Cie « La Lainière de Roubaix ». Selon une page richement illustrée du site bachybouzouk, en « 1927, la Lainière de Roubaix lance la fameuse laine du Pingouin, marque encore connue et reconnue de nos jours.« . Le graphisme de ce pingouin est dû à Will Lacroix, qui signa diverses affiches à son effigie dans les années 1930 (Baron Ribeyre & associés). Confirmant l’importance de ce logo dans la publicité, une soixantaine de publicités pour les Laines du Pingouin peuvent être consultées en ligne ; elles sont regroupées dans un dossier de la Bibliothèque numérique de Roubaix.

Les origines de cette filature remontent à 1911, quand Jean Prouvost fonde La Lainière de Roubaix, implantée à quelques encablures d’un établissement analogue créé par son grand-père Amédée. La Lainière de Roubaix deviendra « la plus grande filature d’Europe, employant jusqu’à 7 200 personnes » (Archives Nationales du Travail, Ministère de la culture). La dernière usine de La Lainière de Roubaix ferme ses portes en janvier 2000 et la marque est rachetée par son concurrent Phildar, en 2005 (dossier sur le site RoubaiXXL). Ces deux marques sont regroupée en 2025 sous la bannière « Happywool » de PP YARNS & CO.
Le choix d’un pingouin comme mascotte, en 1927, serait du à «un collaborateur de Jean Prouvost, dont le fils lisait une bande dessinée très en voguer à l’époque, Zig et Puce, dans laquelle figurait le personnage d’Alfred, un pingouin » (Blog Histoire Tricot). Cet ami animal de Zig & Puce est Alfred le Pingouin.
Aussi, aux pingouins précités, ajoutons Alfred, « le pingouin star des pingouins et pingouin des stars », pour reprendre le titre d’un dossier qui lui est consacré par la BNF – au sein duquel est soulignée la protection du nom du personnage en tant que marque-.


Un autre Pingouin emblématique très célèbre est celui des fameux livres de poches anglais, Penguin books.

Cet animal qui fête ses 90 ans en 2025 a vu son aspect légèrement évoluer au fil du temps (How the Penguin logo has evolved through the years ; Classic Penguins: how minimalistic book covers sold paperbacks to the masses).

Avec lui, la conception graphique des couvertures des Penguin Classics a été l’objet d’un soin particulier et reste un repère visuel très cohérent : cette couverture est divisée en trois bandes horizontales, dont celle du milieu restant blanche et comporte le titre du livre ainsi que le nom de son auteur, alors que les deux autres sont d’une couleur propre à la collection dont relève l’ouvrage, avec le logo de Penguin Books sur la partie inférieure.
Wikipedia donne la paternité de l’œuvre : la « couverture et le premier logo ont été dessinés après observation d’après nature de manchots au zoo de Londres par Edward Preston Young, alors jeune employé de bureau de 21 ans, puis seront repris par Jan Tschichold (1902-1974). »
Enfin, auprès de l’Office Benelux de la Propriété Intellectuelle, ce vénérable pingouin a du affronter une version cyborg plus ou moins dopée à l’IA. Dans la rubrique d’actualité du site du cabinet Abcor IP ,Theo-Willem van Leeuwen relate cette étrange affaire où « le défendeur était représenté par ChatGPT » . Ayant mis la main sur la décision, je confirme (cf illustration ci-dessous).
Penguin Books avait fait opposition contre une marque semi-figurative ARTPENGUIN en se basant sur des droits antérieurs constitués de marques nominales et figuratives PENGUIN. « La réponse de l’IA a été faible, ce qui a suscité une remarque sarcastique de l’Office : « Ce prompt aurait pu être meilleur. » » précise TW van Leeuwen. Il ajoute : » L’IA n’a pas demandé de preuve d’usage sérieux, bien que toutes les marques citées soient soumises à obligatin d’usage. Elle a également négligé la question de la similarité des produits. Pire encore, ChatGPT a comparé par erreur ARTPENGUIN à PENGUIN BOOKS, une marque qui n’était même pas citée. »