Nos ancêtres les gaulois, sont les sujets de ces six logos-là. Ces fiers personnages arborent des éléments caractéristiques : une moustache en fer à cheval, une chevelure garnie, souvent nattée et un casque. Sur cette demi-douzaine de casques, quatre sont décorés d’ailes.
La présence de cet ornement animal sur les casques n’apparait pas authentifiée par des éléments historiques. Ce sont les albums de bandes dessinées d’Astérix qui ont très largement contribué à faire entrer cet élément dans l’image que l’on se fait des gaulois.
Selon Ça m’Intéresse (conforté par Alexandre Sombardier s’appuyant sur ‘Les Gaulois en guerre‘ d’Alain Deyber), les casques gaulois comportaient des protections latérales rabattables, qui ont pu être prises pour des ailes. Le logo d’une marque de cigarette, constitué d’un casque avec des paragnathide, ces protection latérale façon rouflaquettes, ainsi que les fameuses ailes pointant vers le haut, est généralement cité comme source d’inspiration du père d’Astérix : il s’agit du logo des Gauloises Caporal, dessiné en 1925 par le peintre Maurice Giot.
L’adoption du logo Gauloises remonte donc à 1925. Les marques ci-dessous datent de 1937 et 1938, pour les plus anciennes des six. Il semble donc qu’Uderzo (qui a créé Astérix avec Goscinny en 1959) n’ait pas été le seul à avoir été influencé par le visuel de Maurice Giot puisqu’au moins ces autres marques ont repris l’imagerie du casque ailé sur des têtes de gaulois.
Si l’on remonte plus loin dans le temps, on s’aperçoit que M. Giot n’a peut pas « inventé » le casque ailé en tant que couvre-chef gaulois.
On en trouve un exemple parmi les gaulois qui entourent Vercingétorix et son cheval sur la toile peinte par Lionel Royer en 1899, Vercingétorix devant César, conservée au musée Crozatier du Puy-en-Velay. Une case de l’album Le bouclier arverne (1967) fait un clin d’œil appuyé à ce tableau.
Dans ce même musée Crozatier, une autre représentation de Vercingétorix datant du XIXè siècle dessiné par Vivant Beaucé le montre arborant un casque ailé.
On trouve un autre casque ailé sur la tête de la statue d’Ambiorix, grand Place de Tongres en Belgique. Cette sculpture de Jules Bertin date de 1866.
Toujours au XIXème siècle une autre source de cette imagerie peut être attribuée à Carl Emil Doepler, le costumier de Wagner, lequel a pu interpréter à sa façon la vision du compositeur pour son opéra « l’Anneau du Neblung ». Doepler a fourni des costumes mélangeant plusieurs époques – âge du bronze, âge du fer, Moyen Age – et a orné les casques de cornes ou d’ailes (source : Arte Karambolage du 12/03/2023).
Un casque ailé encore plus ancien est celui d’une statue de Mercure conservée au Louvre, attribuée à Jean Bologne (XVIe siècle – XVIIe siècle). Le même Mercure, également coiffé d’un casque ou chapeau (pétase) ailé, est l’objet d’une statuette en alliage cuivreux du IIè siècle conservée au Musé Carnavalet. Le site du Musée d’Archéologie Nationale de Saint Germain en Laye précise que si « Mercure porte le pétase, c’est qu’il protège (entre autres) les voyageurs, les ailettes rappelant sa célérité comme messager des dieux.«
En matière de casques ailés, l’art antérieur remonte donc un peu plus loin qu’au siècle dernier.