Si vous avez entamé un troisième cycle spécialisé en droit de la propriété industrielle, votre année universitaire devrait comporter un stage, en entreprise ou en Cabinet.
Pour vous aider à aborder ce premier contact avec le milieu professionnel dans lequel vous pourrez être amené à exercer, voici quelques conseils concoctés par Pierre Breesé (CPI, dirigeant de Cabinet), Romain Busnel (jeune diplômé, qui est récemment passé par la case "stage") et Frédéric Glaize (CPI, passé par la case "stage" il y a une dizaine d’années, puis occasionnellement superviseur de stagiaires).
Ces conseils envisagent plus précisément le cas des stages en Cabinets de CPI (notre milieu professionnel) en droit des marques, mais certains peuvent s’avérer pertinents si vous effectuez votre stage en tant qu’ingénieur ou en Cabinet d’avocats, dans une entreprise ou encore auprès d’un office. Pour la forme, on vous le fait dans le style "Les 10 conseils pour…" :
- WHAT HAPPENS IN VEGAS STAYS IN VEGAS
A l’extérieur, sachez garder votre langue : respectez scrupuleusement un secret professionnel absolu. Même si vous brûlez d’envie de raconter comment se passe votre stage, vous ne devrez jamais -au grand jamais- évoquer des informations qui peuvent compromettre les intérêts de l’entreprise au sein de laquelle vous travaillez ou ceux de ses clients.
D’ailleurs, un accord de confidentialité devrait vous être remis pour signature. Comme vous le savez, les CPI sont soumis à une règlementation professionnelle. Prenez en connaissance et respectez-la. - TOUT COMMENCE PAR DE BONNES NOTES
A chaque sollicitation, accourez avec papier et crayon. Les personnes pour qui vous allez travailler commenceront par vous expliquer le contexte du dossier et vous donneront des directives, avant de vous confier une tâche. Notez les informations utiles, de façon à ne jamais revenir en disant "au fait, j’ai oublié ce que vous m’avez dit…". - LA STRATEGIE DU CAMELEON
Apprenez par l’exemple. Demandez que l’on vous montre des dossiers dans lesquels se sont présentées des situations similaires à celles que vous devez traiter.
De même, essayez de détecter rapidement les "tics" et habitudes de votre superviseur, pour vous y adapter. Cela évitera de donner une impression défavorable et injuste, et sera un gage de bonne transmission de l’expérience de votre superviseur. Restez modeste : trop de jeunes stagiaires, par fougue et désir de montrer l’immensité de leur savoir, agacent leur superviseur. Il n’est pas facile, sortant des études, de rentrer dans la logique d’un dossier où le caractère opérationnel doit être priviligié par rapport à l’exposé de ses propres connaissances (il faut conseiller un client qui souvent ne connait pas le droit de la PI et non pas montrer à un professeur de droit ce qu’on a retenu des cours).
N’hésitez pas, au fil du stage, à vous créer des documents types qui vous feront ensuite gagner du temps. - SORTIR SA BOUSSOLE
Les premiers jours apprenez rapidement à vous repérer dans le système de classement et d’archivage des dossiers. Le fonctionnement d’un service juridique ou d’un cabinet diffère substantiellement d’une structure à une autre. Aussi, observez les process, les procédés de gestion, la hiérarchie des signatures, familiarisez-vous rapidement avec les bases de données (l’outil de base) et les logiciels qu’utilise le Cabinet.
- POSER DES QUESTIONS
Vous êtes là pour apprendre. Soyez curieux. Faites vous expliquer les dossiers et la façon d’appréhender les différentes situations qui se présentent dans chaque dossier. Les juristes/CPI qui ont un écart générationnel faible avec vous seront généralement plus facilement accessibles, mais ne vous privez pas de vous abreuver de l’expérience des associés quand vous en avez l’opportunité. - PRIVILEGIER LA QUALITE SUR LA RAPIDITE
Ne bâclez pas votre travail : il est normal qu’un stagiaire ait besoin de plus de temps pour accomplir une tâche. Il n’est pas normal qu’il rende un document qu’il n’a pas scrupuleusement relu et vérifié. Veillez à structurer vos documents, à construire un plan clair et cohérent, et attention à l’orthographe et à la grammaire !
En stage vous ne serez pas en contact avec la clientèle. Néanmoins votre travail ne sera que meilleur si vous l’effectuez comme si le résultat devait en être communiqué directement au client (et donc que vous deviez en porter la responsabilité). - DEFINIR LES PRIORITES
Vous êtes dans une logique d’entreprise : le client est roi et tout est urgent. Et certains dossiers sont encore plus urgents. Le stage doit vous apprendre à hiérarchiser les tâches en fonction de leur priorité. - L’OPPOSITION COMME BASE
Essayez de traiter au moins une ou deux opposition(s) (en demande ou en défense). A défaut il est primordial que vous examiniez des dossiers d’opposition et que vous vous imprégniez des décisions rendues par l’INPI et par l’OHMI. L’articulation et le développement de l’argumentation sur le risque de confusion entre deux marques est la base du métier de CPI. Les oppositions sont le meilleur moyen de l’apprendre.
Mais évidemment ne vous cantonnez pas à cela. Demandez à traiter des recherches d’antériorités, à rédiger des contrats, à participer à des dossiers de consultation, à préparer des dépôts (français, communautaires, internationaux), à répondre aux notifications des offices, à voir comment on doit en pratique procéder aux inscriptions, etc. Même si certains cabinets délèguent certaines tâches aux "administratifs", demandez à voir comment cela se présente (cf 3 et 5). - L’HEURE DU BILAN QUOTIDIEN
Plus vous traitez de dossier, plus vous apprenez. Pour en tirer quelque chose, livrez vous à un exercice de synthèse : chaque soir essayez de faire un petit bilan des acquis. Sur le chemin du retour vers la maison / la fac, résumez mentalement ce que la journée vous a donné l’occasion d’apprendre. - REMEMBER ME ?
Gardez le contact avec le service où vous avez fait votre stage : vous pourrez être sollicité(e) ultérieurement pour une embauche. Et à plus long terme, ces premiers contacts alimenteront votre réseau de relations professionnelles.
Gardez toujours à l’esprit que vous serez évalué(e). Sachez aussi que si vous postulez ensuite ailleurs, le recruteur interrogera à coup sûr votre directeur de stage sur vos qualités : il vous incombe de laisser une bonne impression même si vous n’envisagez pas d’occuper un poste là où vous avez effectué votre stage.
Enfin, comme nos conseils vous auront permis d’être apprécié(e), pensez à solliciter une lettre de recommandation à l’issue du stage 😉
Bonjour, c’est amusant de lire votre article ! J’ai terminé mon stage de fin de Master de PI en juin dernier, c’est exactement ça ! Avez-vous des petits conseils du même genre pour m’aider à trouver un stage dans le domaine de la PI à Londres par hasard ?? Merci par avance… (Qui ne tente rien, n’a rien…) 🙂 Et bonne journée à tous !
Pour chercher un stage en Cabinet de CPI, c’est très simple : tous les Cabinets sont inscrits auprès de l’INPI, qui en tient la liste à disposition du public. La CNCPI publie aussi cette liste sur son site (cncpi.fr). A l’étranger, adoptez la même démarche : tournez vous vers l’Office et vers l’organisme qui joue le rôle d’ordre professionnel. Pour travailler dans le domaine de la PI hors d’un Cabinet de CPI, il existe divers moyens d’identifier les avocats spécialisés, les entreprises qui ont un service interne (le plus évident : les moteurs de recherches sur internet, mais aussi par ex. les annuaires professionnels, les colloques et leurs comptes-rendus, etc). Et les administrations ne devraient pas être trop dures à identifier.