Continuons à explorer une catégorie très particulière de marques, dont l’intérêt réside dans la nature hybride du signe sur lequel elles portent. Il s’agit de ces mascottes anthropomorphes, mi-créatures, mi-produits.
Commençons pas un exemple très célèbre et qui n’a pas pris une ride en plus d’un demi-siècle. Le petit bonhomme BIC a été créé en 1960 par Raymond Savignac.
Un ouvrage (bien documenté et richement illustré) sur les personnages de marques mentionne ce petit bonhomme à la bouille en bille, en apportant les précisions suivantes :
« Le dessin n’a pas changé depuis les débuts, hormis un micro-lifting, la typographie non plus. Le personnage est graphiquement imparable, avec le bon niveau de détail pour une lecture multiformat, un bel équilibre rompu par la ligne du stylo et le reflet de la bille. D’heureuses approximations, comme l’incertaine position des deux coudes, garantissent l’authenticité du tout. »
Sébastien Rost, Personnages de marque, éd. Cherche Midi
Plantant sa bannière Olivaucluse au sommet du Mont Ventoux, cette mascotte promeut des olives, cornichons et câpres pontétiens. Ses membres sont en feuilles d’olivier et sa tête ressemble plutôt à la câpre du libellé de produits. Il est aujourd’hui difficile de savoir ce qu’il est advenu de l’entreprise de MM. Delmas et Michel.
Arrive ensuite un bonhomme bonbonne de gaz. Son déposant, la Société pour l’Utilisation Rationnelle des Gaz deviendra Butagaz. Et cette bonbonne, une fois mise au rebut, sera remplacée par BOB, l’ours bleu.
L’avant-dernière mascotte a une gueule de gousse. Sa vue est basse, son corps est chétif et sa tête est fripée. Ce personnage est pourtant associé à l’expression Super Ail. On le voit brandir une petite fiole, qui contient probablement son secret. Mais depuis son dépôt en 1937 au Tribunal de Commerce de la Seine, on ne sait pas vraiment quel a été son destin.
Enfin la dernière mascotte de cette série aura vocation à disparaitre sous la semelle d’un fer à repasser, puisque son visage semble constitué de plis sur une chemise propre. Le Miroir des Neiges est son nom et la lessive est le produit que ce personnage identifie.
Raymond Savignac est l’un des plus grands affichistes du 20e, qui nous a laissé des trésors. Le lycée de Villefranche de Rouergue s’enorgueillit de porter son nom (les parents de Savignac en étaient originaires) et possède un fonds d’affiches et de reproductions très intéressant. A Trouville, où il a passé les 20 dernières années de sa vie, un musée lui rend justement hommage.
Mn, professeur au lycée Savignac