Le cas des portraits de mannequins et celui du bébé Gerber ont récemment montré que l’EUIPO acceptait de considérer les portraits, soit comme des marques valables, soit comme des marques non valables. Ça dépend…1
La capacité d’un simple portrait à constituer une marque est soumise à un certain aléa. L’association d’une apparence un peu particulière à des éléments nominaux pourra conférer au signe ainsi formé des chances bien plus fortes de ne pas se faire retoquer pour défaut de caractère distinctif.
Sans aucune analyse juridique voici, juste pour le plaisir de leur excentricité, des exemples de marques (ayant été enregistrées) comportant un visage associé à un nom. Il s’agit à chaque fois de personnages aux traits de caractère bien trempés. Bref, des tronches.
La première marque n’est plus en vigueur. Elle représente le « CHAMANE DE LA GRANDE BRADERIE DE LILLE, GRAND MAITRE DES MOULES ET DES FRITES« , un homme au regard pénétré et au tablier couvert de moules.
Ce personnage mystérieux apparait probablement dans une vidéo sur cette page, que vous devriez pouvoir regarder si vous avez gardé un plugin Flash http://www.heure-exquise.org/video.php?id=1309
Ensuite, à 80 KM au Nord Ouest, on trouve un deuxième énergumène, au visage difforme, dénommé « PITO EUD DUNKERQUE ».
Qualifié de personnage « truculent » par la Voix du Nord, ce pito est plus facilement visible en vidéo que le chamane lillois : le dunkerquois dispose d’une chaine YouTube.
La marque suivante n’est pas sélectionnée en raison du nom patronymique de son titulaire, mais toujours en raison de la présence d’un portrait photographique immortalisant une dégaine particulière. Pourquoi ces yeux craignant la lumière et une telle désinvolture ?
Si l’on s’en réfère à la notice Wikipédia de feu ce personnage, on découvre un certain pédigrée :
« Dennis Howard Marks (né le et mort le 10 avril 2016) est un écrivain gallois et un ex-trafiquant de drogue qui est devenu célèbre comme trafiquant international de cannabis après avoir été inculpé dans plusieurs affaires de grande ampleur. Au pic de sa carrière, il aurait supervisé des expéditions de près de 30 tonnes de marchandises, et entretenait des liens avec des groupes aussi variés que la CIA, l’IRA, le MI6, et la Mafia. Il a été poursuivi et condamné par la DEA (l’agence américaine de lutte contre le trafic de drogue) à purger une peine de 25 années de prison dans la prison fédérale de Terre Haute. Il a été libéré au bout de sept ans, en avril 1995. Bien qu’il ait eu quarante-trois identités ou pseudonymes différents, il est devenu célèbre sous le nom de Mr Nice, après avoir acheté le passeport d’un condamné pour meurtre, Donald Nice. »
La dernière de ces marques correspond à un personnage légèrement kitsch, et qui dispose d’un site web à l’avenant.
[Note 1] Évidemment je simplifie à l’excès. Mais ironie mise à part, il est tout de même compliqué de voir une cohérence d’ensemble dans l’approche de ce type de signe, à supposer qu’il soit d’ailleurs légitime d’en avoir une approche particulière.